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la Bastille une douzaine tout en un coup, et cela ne les rend pas plus sages. »

Cependant, les délits se renouvelant avec audace en dépit des ordonnances, les arrêts du parlement augmentèrent de rigueur : auteurs, libraires, colporteurs, acquéreurs même de ces écrits, furent poursuivis et atteints. Les registres du parlement portent, entre plusieurs autres condamnations, à la date du 9 décembre 1661, sentence contre un nouvelliste, Marcelin de Laage, qui fut condamné à être fustigé et banni de la ville de Paris pour cinq ans, avec défense de récidiver, et ce à peine de la vie. Un autre arrêt, du 24 septembre 1663, condamne Élie Blanchard, natif de Roué (Maine), pour avoir composé et écrit des gazettes, à être battu et fustigé au milieu du Pont-Neuf, ayant pendus au cou deux écriteaux, devant et derrière, contenant ces mots : Gazetier à la main. En 1683, ordre est donné à La Reynie d’attacher à la première chaîne de forçats qui partira pour les galères les nommés Bourdin et Dubois, condamnés au Châtelet pour distribution de libelles. Le secrétaire d’État pour la maison du roi, en transmettant cet ordre au lieutenant-général de police, ajoute : « Le roi veut que la sentence soit entièrement exécutée. »

L’arrêt de 1666 donnait droit aux officiers ordinaires de juger en dernier ressort les auteurs des gazettes à la main. En 1670, La Reynie demandait