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Page:Hawthorne - Contes étranges.djvu/105

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LE TRÉSOR

nier. C’était une vaste chambre, faiblement éclairée par les pâles rayons d’un soleil d’automne, qui traversait, non sans peine, un œil de bœuf couvert de poussière et de toiles d’araignée.

Quel sujet de réflexions pour un moraliste ! Un grenier est la nécropole des vieilles modes, de ces frivolités éphémères qui jadis eurent tant de prix pour des hommes d’une génération évanouie. Tout cela passa dans le grenier comme il descendait dans la tombe. Avec les objets qu’on veut conserver, on y met ceux dont on veut se débarrasser. Pierre y vit des livres de commerce à moitié moisis, recouverts de parchemin, et sur les pages desquels des créanciers depuis longtemps morts et enterrés avaient inscrit les noms des débiteurs également passés dans l’autre monde. L’encre avait tellement pâli, que les inscriptions de leurs pierres tumulaires étaient peut-être plus lisibles sous la mousse qui les couvrait. Il trouva un lot de vieux habits, dont il se fût volontiers emparé s’ils n’eussent été depuis longtemps la proie des vers. Il y avait une épée rouillée, mais une épée de parade, qui ne s’était jamais teinte du sang des ennemis ; puis des cannes de toutes sortes, mais pas une à pomme d’or ; des boucles de souliers de différents modèles, mais point en argent ; il y avait une grande caisse remplie de chaussures éculées ; sur un rayon étaient rangées des fioles à moitié vides, dont le contenu, en partie absorbé par les ancêtres de Pierre, avait passé de la chambre mortuaire au grenier.

Enfin, pour terminer cet inventaire de choses qui ne seront jamais vendues aux enchères, il y avait un fragment d’une belle glace, dont la surface ternie par le temps et la