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Page:Hawthorne - Contes étranges.djvu/152

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CONTES ÉTRANGES

autre un coup d’œil furtif par la croisée, il lui sembla que les boucles d’une tête d’ange se mêlaient aux blonds cheveux de Violette et de Pivoine.

— Pivoine, cria de nouveau Violette à son frère, apporte-moi donc quelques-unes de ces guirlandes de glaçons qui sont restées suspendues aux branches les plus basses du poirier. Elles tomberont en secouant l’arbre. Je veux m’en servir pour ajouter quelques boucles à la tête de notre petite sœur.

— Tiens, en voilà, fit le petit garçon ; prends garde de les casser. Oh ! qu’elle est bien faite ! Est-elle déjà gentille !

— Voyons, ne sera-t-elle pas ravissante ? demanda Violette d’un ton satisfait. Maintenant il faut me chercher deux jolies petites boules de glace pour mettre dans ses yeux. Oh ! elle n’est pas encore finie. Maman verra comme elle est belle ; mais papa dira : « Allons, enfants, ne restez donc pas au froid. »

— Il faut que je dise à maman de la regarder un peu, dit Pivoine. Maman ! maman ! cria-t-il de toutes ses forces, regarde donc la jolie petite fille que nous faisons.

La chère femme posa son ouvrage et regarda par la fenêtre. Jamais elle n’avait vu de statue de neige mieux exécutée, ni de plus beaux enfants pour la modeler.

— Ils font tout mieux que les autres, se dit-elle avec complaisance ; il n’y a rien d’étonnant qu’ils fassent mieux les statues de neige.

Elle se remit en toute hâte à l’ouvrage, car elle tenait beaucoup à finir la petite blouse de Pivoine, pour que son grand-père pût le voir, le lendemain, tout de neuf habillé.