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Page:Hawthorne - Contes étranges.djvu/157

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L’IMAGE DE NEIGE

— Mais oui, maman, cria Pivoine, c’est notre statue de neige. Ne fait-elle pas un beau baby à présent ?

Au même instant, une bande de joyeux oiseaux d’hiver se précipita dans le jardin, tourna craintivement autour des deux enfants et se jeta sur la robe blanche de la petite fille de neige. Celle-ci, de son côté, ne semblait pas moins ravie de voir ces gentils passereaux, fils du vieil hiver, qu’ils l’étaient eux-mêmes de la trouver en cet endroit. Deux d’entre eux allèrent familièrement se blottir dans ses petites mains, ce que voyant, tous commencèrent à s’ébattre sur elle, criant, se culbutant, tournant autour de sa tête ; un autre alla se réfugier dans sa blanche poitrine, tandis qu’un, plus tendre encore, becquetant ses lèvres rosées, semblait au comble de la félicité.

Violette et Pivoine regardaient bouche béante ce charmant tableau, joyeux du plaisir que leur petite compagne semblait prendre avec ses petits camarades ailés, encore qu’ils ne pussent partager cette innocente récréation.

— Violette, dit madame Lindsey au comble de la perplexité ; dis-moi la vérité, d’où vient cette petite fille ?

— Ma chère maman, répondit l’enfant d’un air parfaitement sérieux et regardant sa mère bien en face, je t’ai dit la vérité ; c’est la petite sœur de neige que nous venons de faire. Pivoine peut te le dire aussi bien que moi.

— Oui, maman, affirma Pivoine en gonflant gravement ses joues vermeilles, c’est une petite fille de neige. Est-ce qu’elle n’est pas belle ? Vois donc comme ses mains sont froides.

La pauvre dame ne savait plus que penser ni que faire, lorsque la porte de la rue s’ouvrit et son mari apparut avec