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Page:Hawthorne - Contes étranges.djvu/168

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CONTES ÉTRANGES

de diamètre, d’où l’on pouvait à peine apercevoir la cime d’un cèdre élancé qui s’élevait au sommet de l’une d’entre elles. Ces collines étaient couvertes de pins rabougris qui s’étendaient sur le versant intérieur, et le fond du vallon était tapissé d’une herbe jaunie par le soleil d’octobre. Quelques troncs d’arbre à moitié recouverts d’une mousse verdâtre gisaient çà et là, protégeant la croissance de nombreux cryptogames. L’un de ces arbres morts, jadis un chêne robuste, s’étendait auprès d’une mare d’eau croupissante occupant le fond de cette espèce d’entonnoir.

Il paraît, s’il faut en croire la tradition, que ce trou d’un lugubre aspect était jadis hanté par des esprits malfaisants, qui, lorsque minuit sonnait, ou bien encore au crépuscule, tenaient leurs ténébreuses assemblées autour de la mare, troublant ses eaux vaseuses par l’accomplissement de leurs immondes cérémonies.

Les pâles rayons d’un soleil d’automne éclairaient encore le sommet des collines, dont une ombre de plus en plus épaisse enveloppait les flancs jusqu’au fond du vallon.

— Me voici, fidèle au rendez-vous que tu m’as assigné, dit la sorcière ; dis-moi donc vite ce que tu veux de moi, car nous n’avons tout au plus qu’une heure à passer dans ce lieu.

En entendant parler l’horrible vieille, un sourire se dessina vaguement sur le visage de la jeune femme, semblable à la mouvante lueur d’une lampe sépulcrale ; elle tremblait de tous ses membres, et, ses yeux tournés vers le bord de l’abîme, elle hésitait d’accomplir ce qu’elle avait projeté ; mais la fatalité en ordonnait autrement.

— Je suis étrangère, vous le savez, dit-elle en faisant un