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CONTES ÉTRANGES

s’occupaient encore de leurs affaires n’hésitèrent point à les quitter pour courir aux nouvelles. Du haut de sa tribune improvisée, le colporteur aperçut deux voyageurs qui, sortant d’un profond sommeil, se frottaient les yeux en voyant la foule qui les entourait.

Au même instant, un déluge de questions commença de pleuvoir sur eux si dru et si serré que les deux personnages demeurèrent cois, bien que l’un fût un avocat et l’autre une jeune femme.

M. Higginbotham ! M. Higginbotham ! racontez-nous les détails de l’affaire, cria la foule. Quel est le verdict du coroner ? Les assassins sont-ils pris ? La nièce de M. Higginbotham tombe-t-elle toujours en syncope ? M. Higginbotham ! M. Higginbotham !

Le cocher ne répondait que par jurons adressés au garçon d’écurie, qui tardait trop à lui amener son relais. Quant à l’avocat, qui n’était pas encore tout à fait réveillé, dès qu’il eut appris la cause de ce tumulte, il s’empressa de tirer de sa poche un portefeuille en maroquin rouge. De son côté, Dominique, qui passait pour galant et se fiait plus à la volubilité féminine qu’à la stérile redondance d’un homme de loi, s’empressa d’aller offrir la main à la jeune dame, pour l’aider à descendre de voiture. C’était une charmante jeune fille, rose comme la fleur du pêcher, une si jolie petite bouche que Dominique, qui était connaisseur, eût préféré, je crois, entendre de ces lèvres si fraîches tout autre chose qu’une histoire de meurtre.

— Messieurs et mesdames, dit l’avocat en s’adressant aux marchands, aux fondeurs et aux ouvrières, je puis vous affirmer qu’il y a dans tout cela quelque incompréhensible