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Page:Hawthorne - Contes étranges.djvu/312

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CONTES ÉTRANGES

tons à notre portrait a pour cause l’idée que nous y attachons d’une quasi-immortalité. Walter, non plus qu’Élinor, n’était à l’abri d’un sentiment si humain ; aussi arrivèrent-ils exactement à l’heure indiquée pour jouir enfin de cette image qu’ils devaient transmettre à la postérité.

À peine entrés, leur premier regard fut pour les deux tableaux, appuyés contre le mur le plus éloigné de la fenêtre, et ils furent frappés de la parfaite ressemblance de leurs portraits.

Pendant qu’ils s’approchaient pour les considérer de plus près, le peintre, qui s’était levé pour saluer ses visiteurs, se remit à travailler à une esquisse placée devant lui, laissant le champ libre à leurs critiques. Par moments il jetait sur eux un regard furtif et reportait ensuite les yeux sur son dessin.

Chacun s’arrêta devant le portrait de l’autre et parut s’absorber dans une profonde et muette contemplation.

Après quelques instants, Walter fit un pas en avant, puis recula quelque peu, comme pour voir le portrait d’Élinor sous divers effets de lumière, et rompant enfin le silence.

— Si je ne me trompe, il y a une modification… Je ne puis préciser en quoi elle consiste, et cependant plus je regarde, plus ma conviction s’affermit. C’est bien là le portrait que je vis hier, mais l’expression en a changé.

— Le trouvez-vous moins ressemblant ? demanda le peintre avec intérêt.

— Non, la figure est parfaite, répondit Walter, et au premier abord on reconnaît Élinor ; mais il m’a semblé, en la regardant avec plus d’attention, que son aspect changeait et que son regard se fixait sur le mien avec un mélange de