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Page:Hawthorne - Contes étranges.djvu/75

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LA GRANDE FIGURE DE PIERRE

d’or. Adroit, actif comme il l’était, heureux en affaires, il devint excessivement riche et propriétaire d’une flotte de navires. Toutes les contrées du globe semblaient travailler à l’envi dans le but d’accroître ses richesses, déjà considérables. Les régions arctiques, ténébreux domaines des glaces éternelles, lui envoyaient leurs fourrures en tribut ; la brûlante Éthiopie tamisait pour lui le sable d’or de ses rivières et ramassait dans ses forêts équatoriales les défenses des éléphants pour lui fournir de l’ivoire ; l’extrême Orient recueillait à son intention le thé, les épices, les châles du Tibet, les diamants de Golconde et les perles de l’Inde à la teinte nacrée ; enfin, pour n’être point en reste avec la terre ferme, l’Océan lui livrait ses puissantes baleines, dont l’huile n’était pas le moindre de ses profits. D’où que vinssent ses marchandises, M. Amas-d’Or les avait bientôt converties en ce métal dont il portait le nom. On pouvait dire de lui, comme du Midas de la fable, que tout ce qu’il touchait devenait or, mais or monnayé. Et quand M. Amas-d’Or fut devenu si riche, qu’un siècle lui aurait à peine suffi pour compter sa fortune, il se souvint de sa vallée natale et résolut d’aller finir sa vie où il l’avait commencée. Dans cette intention, il envoya un habile architecte pour y élever un palais digne d’abriter le possesseur d’une si grande fortune.

Ainsi que je l’ai dit plus haut, le bruit avait couru dans la vallée que ce M. Amas-d’Or, qui allait revenir, était le personnage prophétique si longtemps et si impatiemment attendu, et dont la ressemblance avec la Grande Figure de pierre devait être si parfaite.

Cette opinion s’accrut encore lorsque l’on vit s’élever