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Page:Hawthorne - Contes étranges.djvu/77

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LA GRANDE FIGURE DE PIERRE

l’homme de la prophétie, allait se manifester à sa vallée natale. Tout jeune qu’il était, Ernest savait que, possesseur d’une si grande fortune, M. Amas-d’Or pouvait devenir, pour ses compatriotes, une providence aussi bienfaisante que le doux sourire de la Grande Figure de pierre. Rempli d’espérance et de foi, il ne douta pas un instant que ce que l’on disait ne fût vrai et qu’il ne dût bientôt contempler la vivante image des traits augustes de la montagne.

Bientôt on entendit le roulement sourd d’un équipage qui s’approchait avec rapidité.

— Le voici ! crièrent quelques personnes qui s’étaient rassemblées pour surveiller son arrivée, voici le grand Amas-d’Or.

Une voiture traînée par quatre chevaux parut alors au tournant de la route. À la portière apparaissait la tête d’un petit vieillard dont le teint rappelait vaguement la couleur du métal dont il était si abondamment pourvu.

On apercevait distinctement son front bas, étroit, ses yeux perçants et bridés, et ses lèvres fort minces, amincies encore par l’habitude qu’il avait de les serrer fortement l’une contre l’autre.

— C’est l’exacte ressemblance de la Grande Figure, cria-t-on de toutes parts ; cela ne peut faire de doute, la prophétie est accomplie et nous possédons enfin le grand homme !

Ernest ne disait mot, mais il cherchait en vain cette frappante ressemblance.

Le hasard fit qu’une pauvresse, accompagnée de deux petits enfants, venue sans doute de quelque lointain pays, errait à quelques pas de là. Ils approchèrent au bruit de la