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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 10.djvu/11

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DE L’HOMME,

tion. Alors il énerve l’esprit, et dégrade l’ame.

Qu’à l’exemple des Grecs et des Romains les nations fassent de l’amour un dieu, mais qu’elles ne s’en rendent point les esclaves. L’Hercule qui combat Achéloüs et lui enleve Déjanire est fils de Jupiter ; mais l’Hercule qui file aux pieds d’Omphale n’est qu’un Sybarite. Tout peuple actif et éclairé est le premier de ces Hercules ; il aime le plaisir, le conquiert, et ne s’en excede point ; il pense souvent, jouit quelquefois.

Quant au peuple esclave et superstitieux, il pense peu, s’ennuie beaucoup, voudroit toujours jouir, s’excite, et s’énerve. Le seul antidote à son ennui seroit le travail, l’industrie, et les lumieres. Mais, dit à ce sujet Sidney, les lumieres d’un peuple sont