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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/20

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Et qu’en déifiant les fureurs des héros
L’homme les encourage à des crimes nouveaux.
Ô toi, d’un faux honneur imprudemment avide,
Qui dans les champs de Mars consacres l’homicide,
Ô mortel, puisses-tu mesurer désormais
L’héroïsme des rois au bonheurs des sujets !
Mais, plus loin, quelle foule, humble en sa contenance,
Par des sentiers obscurs jusqu’à ces monts s’avance,
Et veut, en affectant le mépris des grandeurs,
Par ce mépris lui-même arriver aux honneurs ?
Quel monstre les conduit ? La sombre Hypocrisie,
Aux crimes, à la honte, aux remords endurcie,
Qui se jouant de Dieu feint de le respecter,
Qui dans tous ses forfaits ose encor l’attester,
Pour marcher au pouvoir rampe dans la poussizere,
Et cache son orgueil sous la cendre et la haire.
Des aveugles mortels ce monstre respecté
Regne par l’imposture et la stupidité,
Par la crainte d’un Dieu qu’en secret il blasphème,
Par la crédulité qui s’aveugle elle-même.
Il guide sur ces monts d’autres ambitieux :
Implacable en sa haine, il écarte loin d’eux
La tendre Charité, qui, brûlant d’un saint zele,
Rend aux humains l’amour que les dieux ont pour elle.