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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/26

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LE BONHEUR.


CHANT DEUXIÈME.

Si l’amour, ses plaisirs, le pouvoir, la grandeur,
N’ouvrent point aux mortels le temple du Bonheur,
Faudra-t-il le chercher au sein de la richesse ?
On ne l’y trouve point, répliqua la Sagesse.
La richesse n’est rien : ses stériles métaux
N’enferment en leur sein ni les biens ni les maux.
L’or a sans doute un prix qu’il doit à son usage :
Échange du plaisir entre les mains du sage,
Dans celles de l’avare il l’est du repentir.
Sans attrait pour les arts, de quoi peut-il jouir ?
Non, ce n’est pas pour lui que Bouchardon enfante,
Que Rameau prend la lyre, en que Voltaire chante ;
Qu’Uranie a tracé le plan des vastes cieux ;
Que, sur son roc, encore aride et nébuleux,
Fontenelle répand les fleurs et la lumiere,
Et qu’au pied d’un ormeau, le front orné de lierre,
Il instruit les bergers à chanter leur plaisir :
L’opulent, accablé du poids de son loisir,
Aux dégoûts, à l’ennui conduit par l’ignorance,
Cherche en vain le bonheur au sein de l’abondance.