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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/33

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La Paresse, épanchant le suc de ses pavots,
Engourdit les esprits d’un stupide repos ;
Le Systême, entouré d’éclairs et de nuages,
En les éblouissant en écarte les sages ;
L’odieux Despotisme, entouré de gibets,
Commande à la Terreur d’en défendre l’accès ;
La Superstition, du fond d’une cellule,
En chasse en l’effrayant l’esprit foible et crédule ;
Par ses cris douloureux le Besoin menaçant
Sur la porte du temple arrête l’indigent ;
L’opiniâtre Erreur le cache à la vieillesse,
Et l’Amour en défend l’entrée à la jeunesse ;
Mais il s’ouvre aux mortels qui, d’un pied dédaigneux,
Foulant les vains plaisirs, les préjugés honteux,
Attendant leurs succès de leur persévérance,
Et font devant leurs pas marcher l’Expérience.
Elle les a conduits jusqu’à la Vérité ;
Les conduit-elle encore à la Félicité ?
D’un astre impérieux la puissance ennemie,
Ou seme de douleurs le cours de notre vie,
Ou du moins y répand plus de maux que de biens.
Si je veux être heureux, et jamais n’y parviens,
Si je ne puis jouir que de l’espoir de l’être,
Infortunés mortels, je ne sais, mais peut-être