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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/37

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Quelques plaisirs semés dans d’immenses déserts.
Sur leur illusion mes yeux se sont ouverts.
Le transport d’un instant n’est pas le bien suprême.
Quels seroient ces faux biens qu’on poursuit et qu’on aime
S’ils étoient mieux connus, s’ils étoient comparés
Au trouble, aux noirs soucis dont ils sont entourés ?
C’est l’éclair allumé dans le flanc des orages,
Qui d’un jour fugitif sillonne les nuages,
Et dont l’éclat subit répandu dans les cieux
Paroît d’autant plus vif qu’ils sont plus ténébreux.
Sous un ciel éclairé d’une égale lumiere
L’heureux doit commencer et finir sa carriere.
Ce bonheur, ô mortels, que nous recherchons tous.
N’est que l’enchaînement des instants les plus doux,
Qui pourra me l’offrir ? Ô divine Sagesse,
Sur les lieux qu’il habite éclairez ma jeunesse,
Nos plaisirs orageux entraînent mille maux,
Le bonheur seroit-il un stupide repos ?