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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/40

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LE BONHEUR.


CHANT TROISIEME.

Au faîte des grandeurs, au sein de la richesse,
Qui peut tourmenter l’homme et l’agiter sans cesse ?
Quel serpent sous les fleurs se glisse près de lui ?
Ce monstre à l’œil glacé, dit mon guide, est l’Ennui.
Du venin qu’il répand la maligne influence
Jusques dans son palais dévore l’opulence ;
Dans les bras du plaisir, dans le sein des amours,
Son souffle empoisonné ternit les plus beaux jours.
Quel remede à ce mal ? sans doute c’est l’étude,
Plaisir toujours nouveau, qu’augmente l’habitude.
Aux charmes qu’elle offre abandonne ton cœur ;
En elle reconnois la source du bonheur ;
En elle viens puiser ce plaisir dont l’usage
Convient à tout état, en tous lieux, à tout âge ;
Plaisir vrai dont le sage a la semence en lui.
Malheur a l’insensé qui, l’attendant d’autrui,
Et qui de la fortune ignorant le caprice
De son bonheur sur elle a fondé l’édifice,
L’a mis dans les grandeurs, dans le faste et les biens !
Pour rivaux il aura tous ses concitoyens.