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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/47

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Voit chez eux aux vertus succéder la richesse ;
Voit ce peuple vainqueur vaincu par la mollesse ;
Et son trône, construit du trône de cent rois,
S’écrouler tout-à-coup affaissé sous son poids.
Quelques uns, moins amis d’une étude profonde,
Parcouroient d’un coup-d’œil tous les siecles du monde,
Qui, semblables aux flots l’un sur l’autre roulants,
Paroissoient s’abymer dans le gouffre du temps,
Et, dans leur cours rapide, entraîner et détruire
Les arts, les lois, les mœurs, les rois et leur empire.
Hélas ! disoit l’un d’eux, tout passe et se détruit ;
Hâtons-nous de jouir, tout nous en avertit.
Homme insensé, pourquoi, si les mains éternelles
Aux siecles comme aux jours ont attaché des ailes,
Pourquoi fuir les plaisirs, t’épuiser en projets,
Et poursuivre des biens que tu n’atteins jamais ?
Que mon ame, lui dis-je, est surprise et ravie !
S’il est beau d’observer sur les monts d’Uranie
Les ressorts employés pour mouvoir l’univers,
De nombrer les soleils suspendus dans les airs,
De voir, de calculer quelle force les guide,
Les fait flotter épars dans l’océan du vuide ;
Comment, des vastes cieux peuplant la profondeur,
Tant d’astres différents de forme et de grandeur,