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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 5.djvu/233

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causes du mépris où le bel esprit tombe, et doit journellement tomber, plutôt que tout autre genre d’esprit.

Le goût de notre siecle pour la philosophie la remplit de dissertateurs qui, lourds, communs, et fatigants, sont cependant pleins d’admiration pour la profondeur de leurs jugements. Parmi ces dissertateurs il en est qui s’expriment très mal : ils le soupçonnent ; ils savent que chacun est juge de l’élégance et de la clarté de l’expression, et qu’à cet égard il est impossible de duper le public : ils sont donc forcés, par l’intérêt de leur vanité, de renoncer au titre de bel esprit pour prendre celui de bon esprit. Comment ne donneroient-ils pas la préférence à ce dernier titre ? Ils ont ouï dire que le bon esprit s’exprime quelquefois d’une maniere obscure : ils sentent donc qu’en bornant