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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 9.djvu/202

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SECTION V, CHAP. IX.

il se tromperoit ; le vrai seul a des succès durables[1]. Les lauriers dont l’erreur quelquefois se couronne n’ont qu’une verdure éphémere.

Qu’une ame vile, un esprit trop foible pour atteindre au vrai, avance sciemment un mensonge, il obéit à son instinct : mais qu’un philosophe puisse se faire l’apôtre d’une erreur qu’il ne prend pas pour la vérité même[2] ; j’en doute : et mon garant est irrécusable ; c’est le desir que tout auteur a de l’estime publique et de la gloire. M. Rousseau la cherche sans doute ; mais c’est en qualité d’orateur,

  1. J’en excepte cependant les mensonges religieux.
  2. L’homme, je le sais, n’aime point la vérité pour la vérité même. Il rapporte tout à son bonheur. Mais, s’il le place dans l’acquisition d’une estime publique et durable, il est évident, puisque cette