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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 9.djvu/213

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DE L’HOMME,

Si dans chaque empire les sciences pareillement ne poussent, si je l’ose dire, qu’un jet, et disparoissent ensuite, c’est que les causes propres à produire des hommes de génie ne s’y développent communément qu’une fois. C’est au plus haut période de sa grandeur qu’une nation porte ordinairement les fruits de la science et des arts. Trois ou quatre générations d’hommes illustres se sont-elles écoulées ? les peuples dans cet intervalle ont changé de mœurs ; ils se sont façonnés à la servitude ; leur ame a perdu son énergie ; nulle passion forte ne la met en action ; le despote n’excite plus le citoyen à la poursuite d’aucune espece de gloire : ce n’est plus le talent qu’il honore, c’est la bassesse ; et le génie, s’il en est encore en ces pays, vit et meurt inconnu à sa propre partie. C’est l’oranger qui