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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 9.djvu/248

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NOTES DE LA SECTION V.

Le pénible labour de l’automne assure-t-il l’abondante moisson de l’été ? Au reste, qu’il soit difficile ou non de former un homme raisonnable, le fait est qu’il ne le devient que par instruction. Qu’est-ce qu’un homme raisonnable ? Celui dont les jugements sont en général toujours justes. Or, pour bien juger des progrès d’une maladie, de l’excellence d’une piece de théâtre, et de la beauté d’une statue, que faut-il avoir préliminairement étudié ? Les sciences et les arts de la médecine, de la poésie, et de la sculpture. M. Rousseau n’entend-il par ce mot raisonnable que l’homme d’une conduite sage ? Mais une telle conduite suppose quelquefois une connoissance profonde du cœur humain ; et cette connoissance en vaut bien une autre. Lorsque l’auteur de l’Émile décrie l’instruction, c’est, dira-t-il, qu’il a vu quelquefois l’homme éclairé se conduire mal. Cela se peut. Les desirs d’un tel homme sont souvent contraires à ses lumieres. Il peut agir mal,