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Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/197

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fable des deux coqs, moi qui, depuis tant de jours, tenait dans toute cette histoire, le rôle inoffensif et disqualifié du chapon.

J’entrai. Je vis une femme effrayée, et, en face d’elle, un homme hargneux, que ma vue rendit furibond. L’avouerai-je ? Sur son visage crispé, pâle, maniaque, que la fatigue, le chagrin et la fureur avaient successivement chiffonné, je trouvais quelque chose d’émouvant. Il me semblait avoir devant moi un petit fauve, une bête sauvage dont un buffle eût écrasé le terrier. Il faisait front, et toute sa colère s’exprimait dans le sombre éclat de ses yeux. Mais un buffle est un buffle et les renards n’en ont jamais mis en fuite.

J’étais calme, très résolu, tout de même un peu troublé. Dame, c’est que, depuis l’affaire du Russel, à Londres, autrement dit depuis le platonique enlèvement de l’épouse, je n’avais jamais revu de si près la figure du mari. Elle me faisait