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Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/206

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traverse une crise épistolaire. Il paraît que cela ne nous doit point surprendre. Un avoué, que nous consultons pour autre chose, affirme que l’abondance postale constitue le symptôme le plus sûr du divorce pour incompatibilité d’humeur.

Je dois vous confier qu’il m’écrit, aujourd’hui, pour la première fois. Mais sa femme reçoit, chaque jour, deux épitres, une à chaque courrier. Et quelles lettres ! Un mélange affreux de prières et d’outrages. On y voit de tendres appels, rayés d’une main frémissante et remplacés par des mots que je ne puis répéter. Certains jours, les enveloppes elles-mêmes sont chargées d’insultes. Puis, l’instant d’après, le garçon apporte un télégramme de dix lignes, et si pleines de contrition que l’on se demande comment un homme quelque peu fier a pu se montrer ainsi, dans l’humiliation de sa défaite, aux commis goguenards d’un bureau de poste…

Je ne sais comment vous dire ce que j’éprouve,