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Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/33

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ture où, les choses allant au mieux, il ne gagnerait qu’une nuit blanche et les aigres reproches d’un vieux camarade. Il me souvient qu’à ce moment je me demandais, avec la plus entière présence d’esprit, par quel vertige j’avais pu céder à la brusque envie de cette femme. Une maîtresse agréable et complaisante m’attendait à Paris. Par ailleurs, je ne me sentais nul penchant pour les bonnes fortunes que l’on paie de sa tranquillité. J’aime mes aises, comme tous mes frères en grosseur, et j’ai avec eux ceci de commun que la gêne m’est insupportable.

Et puis l’amour en cachette !… Il me semble que, si même j’étais fait comme un jeune premier du Gymnase, l’adultère et ses complications ne seraient point de mon goût et ne rempliraient en aucun cas les loisirs de mon existence ! Enfin, s’il faut tout vous dire, j’avais alors — je croyais avoir — le seul goût des belles filles, blanches de peau, brunes de toison, rouges de lèvres et provo-