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Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/83

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sonne, ni la Cour ni la Ville ne donnait du gracieux, du charmant, du suave aux galants dénués d’ampleur c’est que ceux-ci n’avaient point leur place au temple du goût. En vérité, cette époque glorieuse honnissait les aztèques. Ceux qui donnaient le ton, c’étaient les gens de guerre ; il leur fallait, madame, des cuirasses énormes comme des proues de frégates ; et ils allaient se faire emporter la tête devant leurs carrés, sur des percherons gros comme des muids et boursouflés comme des perruques. C’étaient de beaux militaires et des gens altérés. Souffrez, madame, que je commande de la bière.

Voyez-vous, madame, je vous parle d’une époque où tout le monde était gras, sauf les poètes et les pendus. N’était-ce pas beau, ça ? Pour moi je ne puis regarder un portrait du Roi-Soleil ni contempler son beau ventre bourbonnien, sans que les larmes m’en viennent aux yeux. On ne m’ôtera jamais de l’idée, que c’est le regret de cette mode-là