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Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/90

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des curieux chétifs commencent à coller aux vitres des nez blancs comme des quenelles. Cependant, la porte s’ouvre et se ferme, laissant, à chaque fois, rouler un aimable compagnon. Lorsqu’apparaît un gaillard de conséquence (un citoyen qui va sur les cent trente) tout le monde applaudit, et le nouvel arrivé salue en penchant tout le corps, parce qu’il lui est tout à fait impossible d’incliner séparément la tête.

Enfin nous sommes assis, au complet. Les garçons, qui tremblent de finir la soirée à la cave, tâtent le plancher d’un pied circonspect, et l’ami Raffanel lui-même, se frotte les yeux pour voir si les flancs de son café ne vont pas se rejoindre comme les murs d’une pyramide. Mais l’immeuble tient bon, et le dîner commence.

Alors il faut voir frétiller les narines de toutes ces belles lunes roses ! La porte de la cuisine s’est ouverte, comme une écluse, laissant couler un fleuve de parfums où les remous onctueux du