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Page:Henriet - Le paysagiste aux champs, 1876.djvu/106

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L’ÉTÉ DU PAYSAGISTE.


limpides paysages aux frais horizons, les villages nonchalamment couchés au bord de l’eau ou pittoresquement accrochés au flanc des coteaux, et ces nombreuses îles aux vertes frondes dont la Providence a semé le cours du fleuve, comme pour en tempérer la majesté par de souriants tableaux, posent tour à tour devant l’atelier flottant du peintre et viennent se refléter sur sa toile comme dans un miroir fidèle.

Ces expéditions ne vont jamais assurément sans de burlesques incidents et quelques plongeons… Plus d’une fois les ébats nocturnes des poissons ont tourmenté le sommeil du peintre. Souvent il a dû partager son unique matelas avec des hôtes incommodes, des rongeurs amphibies auxquels, à tout prendre, Daubigny préfère encore les insectes des auberges. Que de fois aussi, surpris par le passage des bateaux à vapeur, a-t-il dû plier le chevalet en toute hâte et faire force de rames pour éviter les perfidies du sillage ! La Seine n’est pas toujours non plus aussi débonnaire que le donne à entendre Mme Deshoulières. Le fleuve a ses jours de colère ; parfois la tempête s’abat sur le pont du frêle esquif : l’équipage chavire ; pin-