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Page:Henriet - Le paysagiste aux champs, 1876.djvu/109

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LE PAYSAGISTE AUX CHAMPS.

longs cheveux, de Vénus à la chopine ; et l’on peut, tout en maniant la brosse, s’initier aux mystères de la langue verte, ainsi nommée sans doute par son Vaugelas, Alfred Delvau, parce qu’elle est proche parente de l’absinthe.

La littérature n’a pas échappé à ces curiosités maladives. De hardis plongeurs nous ont rapporté de ces bas-fonds plus d’une perle et d’un corail dont nous avons distrait nos loisirs sans songer au prix qu’avait peut-être coûté leur découverte ; car le poëte se fait une habitude de ces sensations âcres et mordantes, et comme un besoin de cette atmosphère impure. Le sens moral s’émousse par l’abus de ces alcools violents. L’écrivain est plus directement exposé que le peintre à ces gangrènes, parce que le premier descend plus avant dans les entrailles de son sujet, tandis que le second s’en tient à ses côtés extérieurs et plastiques. Aussi plus d’un poëte s’est-il enlizé dans ces fanges où son dilettantisme d’observateur croyait pouvoir s’aventurer impunément. Est-ce le danger de la contagion qui irrite, par l’attrait du péril, la fiévreuse ardeur avec laquelle ces alchimistes du pittoresque s’obstinent à la transmutation du laid ? S’attache-t-on à son œuvre