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L’ÉTÉ DU PAYSAGISTE.


en proportion de la dose de création qu’on y apporte ? Toujours est-il qu’une singulière et fatale fascination semble river à jamais à ces contrées malsaines les Christophe Colomb de ces mondes ténébreux.

Un bohème s’était épris d’une si furieuse passion pour Montfaucon, la barrière du Combat et autres lieux circonvoisins, que ses amis désespéraient de l’arracher jamais aux séductions de la voirie. Aussi leur joie fut grande le jour où le peintre leur confia un projet de voyage en Normandie.

La Normandie ! ce serait à coup sûr toute une révélation ; le talent de leur ami devait infailliblement se régénérer au contact de cette nature opulente. A la nouvelle de son retour, ils accourent impatients de constater une transformation radicale ; mais dans les études qu’ils se passent silencieusement de main en main, que reconnaissent-ils ? — Montfaucon !

Le peintre, dominé par les impérieuses obsessions de ses souvenirs, insensible aux magnificences qui l’enveloppaient, n’avait eu d’yeux que pour les accidents du paysage qui lui apportaient comme un lointain écho et un vague parfum de Montfaucon.