les plus raisonnables de tous les fous et les
moins moroses de tous les sages. Voyez plutôt
notre illustre et regretté Corot ! Corot qui avait
réglé si rigoureusement sa vie et qui dut à cette
sévère distribution de son temps d’avoir pu tant
produire ; Corot, poëte à ses heures, et joyeux
compère à l’occasion ; qui planait dans les
Empyrées et retombait gaiement sur terre à
l’heure des repas, — Corot, dis-je, réalisait
ce type de l’ancien : Mens sana in corpore
sano…
« Mon cerveau, nous disait-il dans ses réceptions du mercredi qui étaient une de nos joies de l’hiver, — mon cerveau est partagé en deux petites chambrettes qui ont pour locataires, l’une la Raison, l’autre la Folie, Quand la Folie agite trop fort ses grelots, « Holà ! ma « belle, lui crie la Raison en frappant à la cloison, un peu moins de tapage, s’il vous plaît !… »
« Tout le problème, ajoutait-il, est de maintenir les deux commères en bon voisinage, et de renouveler bail avec la Raison sans pour cela donner congé à la Folie. »
Mais le parfait équilibre est difficile à garder. Il est rare que le plateau de la folle du logis ne l’emporte pas un peu. Tu en sais bien