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Page:Henriet - Le paysagiste aux champs, 1876.djvu/271

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LE PAYSAGISTE AUX CHAMPS.

cela qu’il place son but au-delà du niveau général, il se condamne aux luttes solitaires. Mais ces luttes mêmes ne sont pas sans joies et sans compensations. N’est-ce donc rien de vivre et de mourir de sa chimère !

Exigeant pour lui-même, les compliments qu’il reçoit ne lui montent pas au cerveau. Il a de bonnes raisons de les croire plus bienveillants que sincères, et il sent d’ailleurs qu’il n’a rien fait tant qu’il n’a pas touché le but lumineux que lui seul entrevoit.

Assurément, à certaines heures de faiblesse, il ne demanderait pas mieux de s’armer des éloges des autres contre ses propres sévérités. Peines perdues ! Une voix mystérieuse lui murmure à l’oreille : Ce n’est pas encore cela ! Quelque chose qu’on ne saurait définir manque encore à ton œuvre. Cherche, pense, travaille…

Sur ces hauteurs où peu atteignent, l’artiste se désintéresse des éloges banals comme des succès faciles, pour ne plus ambitionner qu’un suffrage… mais décisif celui-là, — le sien, et sublime égoïste, en travaillant pour soi, travaille pour l’art et la postérité !