Aller au contenu

Page:Henriet - Le paysagiste aux champs, 1876.djvu/53

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
36
LE PAYSAGISTE AUX CHAMPS.

Encore ne faut-il pas que l’artiste croie que l’amour de l’art justifie tout. Il est parfois dangereux de heurter les idées du campagnard jusqu’à pratiquer l’escalade sous ses yeux. Léopold Desbrosses en fit un jour l’expérience.

Léopold Desbrosses est un agréable paysagiste d’impressions ; c’est le frère de Jean Desbrosses qui se plaît à dévoiler, dans ses tableaux, les mystères de l’heure du berger, et qu’on pourrait nommer le Millet des amoureux de village.

Or, il arriva qu’un jour, dans un petit pays des environs de Paris, Léopold Desbrosses s’était hissé sur un mur, et plongeait son regard dans un parc aux ombrages séculaires, où des arbres d’un grand style dessinaient des paysages arcadiens.

Des cris et des vociférations retentirent bientôt dans la plaine sans qu’il s’émût de leur menaçant crescendo ; mais une pierre qui siffla à son oreille vint l’arracher brutalement à ses contemplations. Il saute, se voit investi par une meute de paysans exaspérés ; et je ne sais vraiment ce qui fût advenu de notre paysagiste s’il n’avait pu fort heureusement se réclamer d’un notable de l’endroit chez qui tout s’expli-