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Page:Henriet - Le paysagiste aux champs, 1876.djvu/99

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LE PAYSAGISTE AUX CHAMPS.

Un aimable paysagiste que son amour de l’art a conduit déjà sous bien des latitudes, Daliphard, s’est un jour spirituellement vengé de ces façons malséantes autant qu’inhospitalières. Il se présente harassé, crotté, le sac sur le dos, à l’hôtel ***, à Dunkerque ! Il venait à pied de Hollande, étape par étape, et gagnait sa Normandie, à petites journées, en suivant les côtes.

« Il ne nous reste plus aucune chambre de libre, lui dit sèchement l’hôtelier ; mais, — ajoute-t-il d’un ton dédaigneusement protecteur, — vous trouverez de la place au Lion-d’Or ; c’est moins cher qu’ici et vous y serez bien.

— Merci de l’attention ; mais n’y a-t-il pas aussi l’hôtel du Sauvage ? »

C’était le grand hôtel du pays.

« L’hôtel du Sauvage ! s’écrie le rustaud stupéfié, — c’est le plus cher de la ville !

— Peu importe, s’il en est le meilleur… J’attends aujourd’hui une malle que je me suis fait adresser ici, tant j’étais loin de supposer que je ne trouverais pas chez vous une chambre ou un cabinet ; ayez l’obligeance de me la faire porter à l’hôtel du Sauvage. Voici mon