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CHAPITRE VI

NÉO-BRÂHMANISME


Le bouddhisme, on l’a vu, a presque disparu de l’Inde, après y avoir vécu, côte à côte avec le brahmanisme, l’espace de dix siècles au moins. Il en a disparu sans convulsion violente, sans trace apparente de persécutions sanguinaires, par la force des choses, semble-t-il, ou plutôt par l’habileté des brahmanes, qui, pour avoir raison de cette prédication populaire, ont su s’appuyer sur d’autres cultes, populaires aussi, les englober dans le leur, le vivifier par eux et les épurer par lui, conclure, en un mot, avec certaines sectes plus ou moins hétérodoxes, mais moins intransigeantes que celle du Buddha, une sorte de compromis qui les fondit avec l’orthodoxie en un semblant d’unité. Il va de soi, d’ailleurs, que celle-ci non plus ne sortit pas indemne de l’aventure qui la sauva : le néo-brâhmanisme qui préside aux destinées religieuses de l’Inde du moyen âge et des temps modernes, a gardé du védisme des légions de dieux qu’il n’adore plus que de nom, du brahmanisme le pâle souvenir