Page:Henry - Les Littératures de l’Inde.djvu/314

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leurs émules ; mais ce n'est pas tout que d’user des bons moyens, il y faut l’art de s’en servir, et sur ce point Cânakya est sans rival 1 . Ce qui, toutefois, complique sa tâche,c’es1 qu’il ne souhaite point du tout la mort de Râksasa, ce serait trop simple : — il veut le réduire à merci, l’amener à composition, rallier enfin à son maître les inestimables services de cet excellent homme de guerre, et il y réussit. Râksasa, sauf la différence des situations, est l’Abner de ce Joad sans scrupule, et la comparaison n’écrase pas l’œuvre do Viçâkhadatta . A la fin, ils se réconcilient, et la royauté de Candragupta, appuyée sur la bravoure de l’un et l’habileté de l’autre, ne connaîtra plus que des triomphes.

Ou imaginerait difficilement la variété des stratagèmes qui se succèdent dans cette action touffue et vivante, et celle des contre-mines qu’on leur oppose. Il en faut citer au moins un exemple, tiré d’un dialogue anxieux entre Râksasa et l’un de ses émissaires.

«... Mais ce n’est pas tout : Candragupta devait être, pendant son sommeil, surpris et assassiné par des sicaires que commandait Bîbhatsa,et que j’avais postés à cet effet dans un passage secret pratiqué dans la muraille du palais. Savez-vous ce qu’ils ont l’ait ? — Ah ! Seigneur, c’est une triste histoire ! — Comment. triste ? L’infâme Cânakya ne va pas les avoir décou-

1. Aussi, parmi les grands mérites que les techniciens indigènes reconnaissent à ce drame, n’oublient-ils pas celui d’être un traité pratique et complet de niti ou de politique.