Page:Henry - Les Littératures de l’Inde.djvu/51

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(XII, 1 ; 63 stances), mais d’un réalisme intense et, par endroits, délicieux.


… La Terre sur laquelle on trace l’enclos du sacrifice, sur laquelle les auteurs d’œuvres pies tendent le service divin, la Terre sur laquelle on érige les poteaux dont la svelte blancheur annonce l’oblation, daigne la Terre se fortifier en nous fortifiant ! — … Nés de toi, sur toi cheminent les hommes ; c’est toi qui portes bipèdes et quadrupèdes ; à toi, ô Terre, appartiennent les cinq races des hommes mortels, sur qui la lumière immortelle s’épanche au long des rênes tendues par le soleil levant. — … Elle sur qui chantent et dansent les mortels bruyants, la Terre où l’on combat, où mugit ci parle le tambour, daigne la Terre heurter mes ennemis et me rendre sans rival ! — … Ton serpent, ton scorpion à l’âpre morsure, qui, englouti par l’hiver, gît assoupi dans sa cachette, le ver que ranime la Terre à la saison pluvieuse et tout ce qui grouille en cette saison, puisse ce reptile ne pas ramper vers moi ! mais ce qui est propice, que ta grâce nous l’accorde ! — … Elle porte les imbéciles, sa charge est lourde ; elle abrite les méchants comme les bons, sa patience esl grande[1] ; la Terre cohabite avec le sanglier, elle ouvre ses flancs an porc sauvage. — … Sur elle s’abattent en foule les bipèdes ailés, les cygnes, les aigles, les gros oiseaux, les vols de menus oiseaux ; et Vâyu et Mâtariçvan La parcourent, créant les espaces et abattant les arbres, faisant luire l’éclair dans la

  1. Comparer Matth. V, 45 : « Afin que vous soyez les enfants de votre Père céleste, qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants, et descendre sa pluie sur les justes et sur les injustes. » Le Véda se borne a la constatation ; l’Évangile en tire la morale qu’elle contient.