Page:Henry - Les Littératures de l’Inde.djvu/70

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riode d’instruction et de noviciat religieux ; mais le dvija par excellence est le prêtre, et les deux termes deviennent synonymes. Hors de toute caste est le çûdra[1], issu des aborigènes soumis : il est vil et méprisé, ce qu’il a touché est impur, et les occurrences sont fréquentes où il est interdit même de lui adresser la parole : il n’a aucun droit, non plus que l’animal, et le seul tempérament, d’ailleurs très réel, apporté à sa misérable condition, c’est l’extrême douceur des Hindous envers les animaux. Ce système, fort simple à l’origine, est allé se compliquant à l’infini de toute une hiérarchie de castes intermédiaires, plus ou moins dégradées, produits d’unions illicites entre membres de castes différentes. Nul ne sort de sa caste, par mariage ou autrement : un brahmane ignorant ou perdu de vices est un brahmane, un çùdra opulent n’est qu’un çûdra, et la vie matérielle et morale de chacun est enfermée dans un cercle de fer que lui ni ses enfants ne sauraient franchir.

Si les gens des trois hautes castes jouissent ainsi d’inestimables privilèges, il faut bien reconnaître qu’ils les justifient, du moins en théorie, par les strictes obligations qui leur incombent à eux seuls : c’est à eux que s’adressent les prescriptions des Çâstras, — car le bétail n’a ni droits ni devoirs, —

  1. Le terme « paria », par lequel on l’a longtemps désigné en Europe, est étranger à la langue sanscrite ; les Portugais avaient emprunté au tamoul.