Page:Henry - Les Littératures de l’Inde.djvu/82

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n’a guère le droit de faire grief à aucune autre. L’âme universelle (âtman « haleine » ) est un concept semi mythique semi métaphysique, qui apparaît déjà dans la poésie du Véda (p. 14) et se précise dans ses morceaux les plus récents. Pour l’entendement (manas, latin mens), c’est la conscience psychologique qui en a fourni directement la notion.

Ces distinctions posées, on voit que les quatre premières substances sont localisées et composées de parties, tandis que les quatre suivantes sont répandues partout, indivisibles, partant éternelles. Les éléments matériels étant divisibles et impermanents, il faut, dès lors, nécessairement que les parcelles qui les composent soient indivisibles et permanentes : l’atome est éternel, il n’a pas eu de cause, il n’aura pas de fin. De là donc une sorte de dualisme de « matière et esprit », analogue à notre spiritualisme, avec cette différence considérable, toutefois, que, si l’âme est éternelle et omniprésente, l’entendement ne saurait l’être ; car il ne saisit que ce que le corps perçoit, il est donc localisé, composé d’atomes, et ceux-ci seuls sont éternels.

De pareilles prémisses il semblerait devoir sortir un matérialisme presque aussi radical que celui d’Épicure et de Lucrèce, qui, eux aussi, ont des dieux, mais ne savent qu’en faire ; et, de fait, l’atome est incréé, ses combinaisons ne dépendent que d’un principe invisible (adṛṣṭa), et les différences constatées entre les substances résultent, non d’un arran-