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Page:Hermès Trismégiste, 1866, trad. Ménard.djvu/185

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LIVRE PREMIER.


font fermer les yeux ; au contraire, la contemplation du bien augmente d’autant plus la puissance du regard qu’on est plus capable de recevoir les flots de la splendeur idéale. C’est une clarté vive et pénétrante, inoffensive et pleine d’immortalité. Ceux qui peuvent s’en abreuver entrent souvent, en quittant le corps, dans la vision bienheureuse, comme nos ancêtres Ouranos et Kronos[1]. Puissions-nous leur ressembler, ô père !

HERMÈS.

Souhaitons-le, mon fils. Mais maintenant cette vision est au-dessus de nos forces ; les yeux de notre intelligence ne peuvent pas encore contempler la beauté incorruptible et incompréhensible du bien. Tu la verras quand tu n’auras rien à dire d’elle ; car la Gnose, la contemplation, c’est le silence et le repos de toute sensation. Celui qui y est parvenu ne peut plus penser à autre chose, ni rien regarder, ni entendre parler de rien, pas même mouvoir son corps. Il n’y a plus pour lui de sensation corporelle ni de mouvement ; la splendeur qui inonde toute sa pensée et toute son âme l’arrache aux liens du corps et le transforme tout entier dans l’essence de Dieu. L’âme hu-

  1. Lactance, I, II, fait allusion à ce passage.