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Page:Hermès Trismégiste, 1866, trad. Ménard.djvu/273

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LIVRE II.


frappent de maladies ou guérissent nos douleurs selon nos mérites. Ignores-tu, ô Asclèpios, que l’Égypte est l’image du ciel, ou plutôt, qu’elle est la projection ici-bas de toute l’ordonnance des choses célestes ? S’il faut dire la vérité, notre terre est le temple du monde. Cependant, comme les sages doivent tout prévoir, il est une chose qu’il faut que vous sachiez : un temps viendra où il semblera que les Égyptiens ont en vain observé le culte des Dieux avec tant de piété, et que toutes leurs saintes invocations ont été stériles et inexaucées. La divinité quittera la terre et remontera au ciel, abandonnant l’Égypte, son antique séjour, et la laissant veuve de religion, privée de la présence des Dieux. Des étrangers remplissant le pays et la terre, non-seulement on négligera les choses saintes, mais, ce qui est plus dur encore, la religion, la piété, le culte des Dieux seront proscrits et punis par les lois. Alors, cette terre sanctifiée par tant de chapelles et de temples sera couverte de tombeaux et de morts. Égypte, Égypte ! il ne restera de tes religions que de vagues récits que la postérité ne croira plus, des mots gravés sur la pierre et racontant la piété. Le Scythe ou l’Indien, ou quelque autre voisin barbare habitera l’Égypte. Le divin remontera au ciel, l’humanité abandonnée mourra tout entière, et l’Égypte sera déserte et veuve d’hommes et de Dieux.