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Page:Hermès Trismégiste, 1866, trad. Ménard.djvu/83

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LXIX
DES LIVRES HERMÉTIQUES.


geaient les esprits, la distance n’était pas aussi grande qu’on pourrait le croire. Aussi passait-on facilement d’une religion à une autre ; on en avait même plusieurs à la fois pour plus de sûreté. Il y avait alors une soif universelle de croyances, et on s’abreuvait à toutes les sources. Au milieu de tant de sectes, de subdivisions et de nuances, quelques-uns faisaient un choix, mais la plupart prenaient des deux mains, à droite et à gauche, tout ce qui se présentait.

Une lettre de l’empereur Hadrien, citée par Vopiscus d’après Phlégon, fait bien comprendre l’activité inquiète des habitants d’Alexandrie, activité qui se portait à la fois sur le commerce et sur la religion. « L’Égypte, dont tu me disais tant de bien, mon cher Servianus, je l’ai trouvée légère, mobile, changeant de mode à tout instant. Les adorateurs de Sarapis sont chrétiens, ceux qui s’appellent évêques du Christ sont dévots à Sarapis. Il n’y a pas un chef de synagogue juive, un samaritain, un prêtre chrétien qui ne soit astrologue, aruspice, fabricant de drogues. Le patriarche lui-même, quand il vient en Égypte, est forcé par les uns d’adorer Sarapis, par les autres d’adorer Christ. Quelle race séditieuse, vaine et