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Page:Hess - L’Âme nègre, 1898.djvu/42

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MAJOGBÉ.

les chassât et que l’on tuât tous ceux qui résisteraient. De très longues et très violentes réunions eurent lieu sur la place Sodeké. Beaucoup de chefs parlèrent ; mais Elado fut le plus fort et sut défendre ceux dont il craignait les charmes. Il avait exigé en échange un tyra qui le mît à l’abri des sortilèges. Le chef des hommes jaunes le lui avait donné en disant :

— Ce tyra te protégera tant que tu protégeras mon peuple.

Aussi Elado était-il bienveillant pour ces hommes au sort de qui sa vie s’attachait. Il permettait à ses enfants et à ses esclaves d’aller dans le temple de leur grand chef Fuluani, de se faire raser la tête à leur mode et de porter comme eux des tuniques larges et de longs sokotos.

Ce scandale attristait les vieux féticheurs de la cité. Les croyants, voués aux dieux de la race, aux dieux qui avaient créé le Yorouba, aux dieux protccteurs du pays, s’affligeaient, pleuraient en secret l’aveuglement d’un homme aussi puissant.

Ces Gambaris, ces Filanis, portefaix, coureurs de grande route, marchands, brodeurs et barbiers, qui venaient sans femmes dans le pays et parlaient d’un dieu plus puissant qu’Olodumare, d’un favori