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Page:Hess - L’Âme nègre, 1898.djvu/72

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MAJOGBÉ.

Lorsque Banyane dansa en balançant les écharpes, tous les hommes la contemplèrent avec désir. Des vieux chefs et des jeunes guerriers dirent tout haut qu’ils rechercheraient l’alliance d’Elado et qu’ils donneraient des trésors pour emmener cette vierge dans leur case. Elle était si gracieuse, lorsqu’elle tournait, les mains étendues et les jambes raidies, ou bien quand elle s’avançait doucement sur les pointes, rythmant, cambrée, la mesure avec les hanches, les bras et le col, ou bien quand elle galopait sur place avec les jolis mouvements d’une jeune cavale dont la croupe est souple et frémit, ou bien quand elle renversait la tête en arrière, ouvrant les bras arrondis et présentant la poitrine pointante ; elle était si belle, avec ses yeux plus noirs et plus profonds que la nuit ; elle dégageait un tel charme que personne n’eût songé à trouver folles les plus folles dépenses faites pour elle.

Majogbé était assis près d’Elado quand des hommes vieux, avec des paroles qui sentaient le bouc, vinrent dire au chef toute l’admiration que soulevait en eux la belle fille. Maté, l’Ologbo Oro, tremblait avec des lèvres humides en faisant ses offres.

— J’ai beaucoup de femmes. Je les vendrai toutes, je vendrai tous mes trésors et je te donnerai tout, si tu veux me livrer cette fille qui égayerait mon âge mûr, me réchaufferait et mettrait autour de moi de beaux enfants.