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Page:Hess - La Vérité sur l’Algérie, 1905.pdf/10

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À M. JONNART

Gouverneur général de l’Algérie


Le 6 février 1893, vous avez prononcé, Monsieur, à la Chambre des députés, un discours dont je veux, en guise de préface à mon livre, citer les extraits que voici :


« Les intérêts des indigènes qui ne votent pas, mais qui payent, qui supportent même de lourdes charges, sont malheureusement sacrifiés aux intérêts de quelques douzaines d’électeurs qui, s’ils ont le droit de vote, jouissent en revanche du privilège de ne pas payer grand’chose… Les communes de plein exercice comprennent souvent 4, 5, 6, 10 et 20.000 indigènes, et les conseils municipaux appelés à gérer les intérêts de la collectivité, à disposer librement de ses ressources, sont élus par vingt, trente, quarante, rarement cent électeurs.

« Comment s’étonner que pour les assemblées locales de la colonie — car je dois le dire, c’est mon devoir, — l’indigène soit, non pas l’ennemi — on ne le maltraite pas, — mais qu’il soit considéré comme un être inférieur et qu’on le néglige ?

« On ne fait rien ? ou presque rien pour lui. La vérité est que les préoccupations électorales, les nécessités de la politique locale assiègent, dominent les conseils généraux et les conseils municipaux, et, dans le tumulte des intérêts, des passions et des convoitises, le gouverneur général et ses délégués, organes