Je gouverne à mon gré le berger et le roi ;
Je suis tout à la fois séduisante et volage ;
D’un guerrier au combat j’enflamme le courage ;
D’un poète inspiré je nourris les transports ;
Par moi le matelot sait braver mille morts ;
Je sais des malheureux adoucir la misère ;
Mais surtout aux vieillards j’ai le pouvoir de plaire ;
Un même instant me voit et renaître et mourir ;
Aux regards des mortels, j’embellis l’avenir ;
L’impossible par moi paraît souvent facile ;
Sans moi, vivre serait une charge inutile ;
Enfin, si tu n’étais séduit par mes appas,
Pour me trouver, lecteur, tu ne rêverais pas.
Renverse-moi, lecteur ; et quand ton pauvre esprit.
Tout enveloppé d’un nuage,
Ne saurait distinguer le jour d’avec la nuit,
Tu n’y verras que trop, je gage.
Redresse-moi, le fanal luit,
Cingle droit, ne va pas au port faire naufrage.
Dans les champs et dans les hameaux,
J’occupe la simple bergère ;