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Page:Hilaire Le Gai (Gratet-Duplessis) Un million d’énigmes, charades et logogriphes.djvu/422

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Mais Paris tout entier m’applaudit et m’admire,
Et l’âme que l’honneur inspire
S’exalte au récit de mon sort.
Si de trois pieds à présent on me prive,
Mon allure au village est vive,
Elle est grave dans un salon.
Je suis un lieu brillant que l’homme libre esquive,
Où l’ennui tient sa cour, escorté du bon ton.
Un pied de moins, je suis un jour de fête ;
Des rochers je franchis la crête ;
Et mon nom prouve assez combien je suis léger ;
Je suis province en même temps que ville
Dans un pays vaste et fertile
Où jamais le raisin n’a paru sans danger.
Si l’air n’existait pas je serais inutile,
Et l’Amour, ce dieu si mobile,
A besoin de moi pour changer.
Sur trois pieds si je me traîne,
Je suis un fleuve auprès de qui la Seine
N’est plus qu’un modeste ruisseau ;
Je montre l’instinct de l’oiseau ;
D’un ignoble animal je suis la nourriture,
Quand je devrais l’être de tant de gens.
La mer, un fleuve est ma ceinture ;
Et mince tige dans les champs,
L’homme prend soin de ma culture
Et me transforme en vêtements.