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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/233

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de quelques points de chronologie médicale.

seconde main. Primitives, elles ont l’intérêt d’indiquer la première impression que fit sur l’esprit humain une certaine observation de la nature. Secondaires, cet intérêt est perdu, et il n’y reste plus ordinairement que ce qu’elles contenaient d’erroné. Ainsi, que les anciens philosophes et médecins de la Grèce, sans presqu’aucune physiologie, conçoivent d’une certaine façon l’usage de l’air dans la respiration, c’est un point de vue qu’il faut chercher à comprendre. Mais qu’Érasistrate, savant anatomiste, défende leur opinion, et emploie, pour la soutenir, une science qui du moins leur manquait, on ne peut plus y voir qu’une erreur sans portée et sans instruction. L’idée primitive des philosophes et médecins grecs se réduit à ceci : L’air est nécessaire à la vie, et l’animal le respire sans cesse ; cet air, pour que la vie se maintienne, doit être incessamment porté dans toutes les parties du corps par les vaisseaux. Les anciens se sont trompés sur le mécanisme de ce transport ; mais se sont-ils beaucoup trompés sur le fond même de la question ? n’est-il pas vrai qu’avec le sang, un élément de l’air, sinon l’air tout entier, est sans cesse distribué à toutes les portions de l’organisme ? et n’a-t-il pas pour objet d’alimenter la chaleur innée, comme le voulait Hippocrate ?

Il est un autre point de l’histoire médicale qui peut servir à la critique des écrits hippocratiques : c’est l’opinion que les anciens se sont faite de l’origine des vaisseaux sanguins. Cette question a beaucoup occupé l’antiquité ; elle avait, en effet, une grande importance dans l’ancienne physiologie. La circulation n’était pas découverte : quelques esprits seulement la pressentaient ; et, de toute part, les naturalistes s’efforçaient de désigner le lieu précis d’où les veines devaient provenir. Galien avait placé l’origine des veines dans le foie, des artères dans le cœur, et cette opinion pré-