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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/251

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de quelques points de chronologie médicale.

par les âges antérieurs à Hippocrate ; que la physiologie générale, que l’anatomie, que la pathologie, que l’hygiène avaient été cultivées long-temps avant lui ; qu’Alcméon, Empédocle, Anaxagore, Diogène, Démocrite avaient écrit sur la nature ; que les écoles médicales de Crotone et de Cyrène étaient célèbres quand celle de Cos ne l’était pas encore ; qu’une énumération des maladies avait déjà été tentée par les médecins de Cnide ; qu’Euryphon traitait la pleurésie par la cautérisation avant Hippocrate ; qu’avant lui encore, Hérodicus avait exposé avec détail le traitement des maladies[1] ; enfin, et c’est peut-être ce qu’il y a de plus fort à dire en faveur de l’antiquité de la médecine grecque, que la langue technique était déjà créée, et que le médecin de Cos n’y a rien innové.

Il en est de la connaissance des nerfs comme de celle du pouls. Les hippocratiques les ont indiqués vaguement, sans se rendre un compte exact de la nature de ces organes. Ils confondaient, il est vrai, sous le nom de nerfs (νεῦρα), la plupart des parties alongées en forme de cordes, quoiqu’ils eussent aussi le mot tendon (τένωον) ; mais ils avaient remarqué d’autres parties très sensibles auxquelles ils avaient donné un nom analogue à celui des tendons (τόνοι[2]). Voici les passages : « Les canaux étendus dans la concavité de chaque côté de la poitrine, et les τόνοι prennent là leur origine aux parties les plus dangereuses du corps[3]. » En commentant ce passage, Galien dit que les canaux sont les artères et les veines, que les τόνοι sont les nerfs, et que les

  1. In Cael. Aurel. Chr. lib. 3, c. 8.
  2. Τόνος et τένωον viennent également du radical τείνω (étendre), et signifient par conséquent des parties étendues, alongées.
  3. De Artic., p. 488 ; Éd. Froben.