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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/254

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introduction.

alexandrins qu’est due la connaissance exacte des nerfs. Suivant Rufus, Érasistrate distingue deux espèces de nerfs, ceux de la motilité et ceux de la sensibilité[1] ; suivant Galien, Hérophile et Eudème, qui, les premiers dans les temps postérieurs à Hippocrate, écrivirent sur l’anatomie des nerfs, ne déterminèrent pas l’origine des nerfs qui se rendent à chaque organe, et les médecins eurent beaucoup de peine à comprendre pourquoi certaines paralysies portent sur le mouvement, et d’autres sur le sentiment ; mais, du temps de Galien, on était allé plus loin, et il dit positivement que les nerfs qui se distribuent aux téguments de la main et qui leur donnent leur sensibilité, ont des racines particulières, et que celles des nerfs qui meuvent les muscles sont autres[2].

L’examen que je viens de faire des connaissances des hippocratiques sur les nerfs, prouve encore que la Collection est antérieure aux travaux des anatomistes alexandrins, d’Érasistrate et d’Hérophile.

Les anciens hippocratiques n’ont-ils jamais ouvert de corps humains, n’en ont-ils jamais examiné quelques parties ? je sais que la négative est généralement soutenue. Cependant, je ne puis me persuader qu’ils aient été à cet égard dans une ignorance complète. Voici très brièvement quelques-uns de mes motifs : Aristote est supposé n’avoir jamais vu des organes du corps humain, et lui-même dit que les organes des hommes sont surtout ignorés, et que, pour s’en faire une idée,

  1. Δισσῶν ὄντων τῶν νεύρων αἰσθητικῶν καὶ κινητικῶν. Ruf., De hom. part., p. 49, Parisiis, 1554.
  2. Τῶν εἰς τὸ δέρμα τῆς ὅλης χειρὸς διασπειρομένων νεύρων, ἐξ ὧν ἔχει τὴν αἴσθησιν, ἴδιαί τινές εἰσιν αἱ ῥίζαι, τῶν δὲ τοὺς μῦς κινούντων ἕτεραι γιγνώσκονται τοῖς ἰατροῖς. T. iii, p. 282, Éd. Basil.