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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/300

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introduction.

en elle-même, la preuve que les traités qui la composent ne sont pas contemporains, et embrassent un laps de temps assez considérable ; qu’elle contient des livres qui sont de Polybe et non d’Hippocrate ; qu’elle renferme des notes, des extraits, des fragments que nul auteur n’aurait publiés de son vivant ; je conclus 1° que cette Collection, après être restée long-temps dans des mains médicales, était tombée en la possession de gens qui n’avaient plus connaissance ni de l’origine détaillée des livres, ni de leur valeur ; 2° qu’ils savaient seulement qu’elle provenait des hippocratiques ; 3° que la publication s’en est faite peu de temps après l’ouverture des grandes bibliothèques à Alexandrie.

Les résultats auxquels j’arrive paraîtront peut-être bien précis sur un sujet qui est enveloppé de tant d’obscurité. Mais il faut considérer qu’ils sont donnés par l’examen comparatif de toutes les circonstances, auxquelles on ne peut satisfaire que de cette façon. J’ai marché pas à pas, et j’ai tenu à montrer que la liaison des faits et une induction attentive pouvaient mener fort loin dans la recherche de détails dont l’ensemble a péri, mais dont il reste çà et là quelques traces. Maintenant cette méthode rigoureuse n’acquerra-t-elle pas quelque force, si je montre qu’en faisant ainsi, d’après un petit nombre de données éparses et fugitives, l’histoire de la Collection hippocratique, j’ai reproduit, dans tout ce qu’elle a d’essentiel, l’histoire de la publication d’une autre collection non moins fameuse, de celle des œuvres aristotéliques ? Ceci vaut la peine d’être exposé de plus près ; car il y a là une comparaison qui aide à tout comprendre.

« Nélée, dit Strabon[1] hérita de la bibliothèque de Théophraste, où se trouvait aussi celle d’Aristote. Aristote l’a-

  1. Lib. XIII, p. 608.