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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/348

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introduction.

Et non seulement Galien avait cette opinion, mais elle était partagée par les érasistratéens et par ceux qui disaient qu’Hippocrate faisait mourir ses malades de faim[1]. Évidemment il y avait, dans le traité sur les Fièvres, quelque chose de plus que la mention d’Apollonius et de Dexippe. Hippocrate y a dû être désigné nominativement, ainsi que le traité du Régime dans les maladies aiguës. Voici comment je conçois que cette désignation y était exprimée : Érasistrate, passant en revue les médecins qui, dans les fièvres, avaient conseillé les régimes les plus opposés, depuis ceux qui condamnaient leurs malades à une abstinence complète, jusqu’à Pétronas, qui les gorgeait de vin et de viande[2], a dû dire, en parlant d’Apollonius et de Dexippe, qu’ils étaient les disciples d’Hippocrate et imbus des préceptes contenus dans le traité du Régime dans les maladies aiguës ; il a ajouté qu’ils faisaient mourir leurs malades d’inanition, et s’est moqué des petites mesures qu’ils avaient imaginées, et qu’ils prescrivaient si parcimonieusement dans les affections fébriles. C’est ainsi que Galien a pu dire qu’Érasistrate, tout en attaquant Apollonius et Dexippe, avait réellement attaqué Hippocrate lui-même, et le traité du Régime dans les maladies aiguës. C’est ainsi que les érasistratéens ont pu accuser le médecin de Cos de tourmenter ses malades par une abstinence trop dure. Avec cette explication, tout devient clair. Érasistrate dénigre Hippocrate, mais il ne fait de reproche direct qu’à Apollonius et à Dexippe ; il n’a aucun livre de ces

  1. Ὤσπερ πάλιν οἱ λιμοκτονεῖν αὐτὸν εἰπόντες. Galien. t. v, p. 50, Éd. Basil.
  2. Διελθὼν γὰρ ἐν τῷ προειρημένῳ βιβλίῳ τοὺς ἐναντιωτάταις ἀγωγαῖς ἐπὶ τῶν πυρεττόντων χρωμένους ἰατροὺς, τούς τε μακραῖς ἀσιτίαις καταπονοῦντας τοὺς κάμνοντας, καὶ Πετρωνᾶν τὸν κρέα τε καὶ οἶνον διδόντα. Galien, t. v, p. 40, Éd. Basil.